Sexisme et égalité professionnelle - 21 août 2020

L’écriture inclusive en débat

En plein cœur de l’été, en s’engageant sur la voie de l’écriture inclusive, les élu·es lyonnais·es n’imaginaient vraisemblablement pas ré-ouvrir un débat aussi intense. Ci-après, quelques éléments pour en savoir plus sur l’écriture inclusive et définir une ligne de communication englobante.

Définition :

L’écriture inclusive (aussi appelée « écriture non sexiste » ou « protocole rédactionnel non discriminant ») désigne l’ensemble des attentions graphiques et syntaxiques qui permettent d’assurer une égalité de représentations entre les femmes et les hommes. C’est une réponse à la persistance des inégalités entre les genres. De façon très concrète il s’agit :

  • d’accorder en genre les noms de fonctions, grades, métiers et titres : par exemple une chercheuse ou la Secrétaire générale de la diversité
  • d’user du féminin et du masculin, que ce soit par l’énumération par ordre alphabétique, l’usage d’un point médian, ou le recours aux termes épicènes (mots dont la forme ne varie pas entre le masculin et le féminin) :

les acteurs et actrices de la diversité : utilisation du féminin

celles et ceux qui agissent pour la diversité : ordre alphabétique

les juristes du droit de la discrimination : épicène

l’équipe de formation à la lutte contre les biais et stéréotypes : formulation englobante

les étudiant·es : point médian

Point de débat :

Depuis plusieurs années, linguistes, figures politiques, publicitaires, associations de promotion du droit des femmes, représentatives de personnes handicapées ou en difficulté par rapport à la lecture et même l’Académie Française, font campagne pour ou contre l’écriture inclusive. Les arguments de promotion des droits des femmes, d’égalité, de défense de la langue française, de bonne orthographe, de lisibilité et d’accessibilités pour toutes et tous sont utilisés tour à tour.

Les défenseurs de l’écriture inclusive insistent notamment sur l’historicité de la langue française et sa constante évolution pour démontrer que ce qui apparaît comme neutre s’inscrit en fait dans un contexte historique.

L’usage de l’écriture inclusive permet de tenir compte du sujet de la féminisation des métiers qui s’est posé dès l’arrivée des femmes sur le marché de l’emploi et de traduire concrètement des principes de l’égalité et du respect des différences au cœur même du langage professionnel.

A lire :  le guide du Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes pour une communication sans stéréotypes de sexe.

Depuis une dizaine d’années, de nombreux acteurs économiques se sont engagés dans une communication non sexiste dans leur communication, notamment dans la rédaction des offres d’emploi.

Malgré ces avancées, l’écriture inclusive suscite encore des débats.

Parmi les multiples arguments avancés par les un·es et les autres en matière de diversité et d’inclusion, un point est à relever plus spécifiquement. L’écriture inclusive présente des difficultés de lecture pour certaines personnes handicapées. Pour les lecteurs et lectrices en braille ou les personnes utilisant une synthèse vocale, le point médian alourdit et/ou complexifie le déchiffrage, rendant certains textes difficilement compréhensibles.

L’Etat a tranché pour ses communications. La circulaire 21 novembre 2017 relative aux règles de féminisation et de rédaction des textes publiés au Journal officiel de la République française et l’arrêt du Conseil d’Etat du 28 février 2019 ont rappelé les principes applicables aux textes publics. La circulaire s’inscrit pleinement dans la démarche concrète et éducative de l’écriture inclusive à une exception : l’utilisation du point médian. Le premier ministre précise : « Je vous invite, en particulier pour les textes destinés à être publiés au Journal officiel de la République française, à ne pas faire usage de l’écriture dite inclusive, qui désigne les pratiques rédactionnelles et typographiques visant à substituer à l’emploi du masculin, lorsqu’il est utilisé dans un sens générique, une graphie faisant ressortir l’existence d’une forme féminine. »

Ainsi, le débat autour de l’utilisation de l’écriture inclusive, et plus particulièrement sur l’utilisation du point médian, est complexe. La Charte de la diversité espère que les précisions apportées ci-dessus permettront aux acteurs et actrices engagées pour la diversité et l’inclusion de se faire un avis sur la question.


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